En scène

LA FEMME ÉNORME

Un monologue joué par un comédien
De la prose poétique lue par l’auteure-lectrice

Des tas comme des choses dans les paroles de l’homme.
Des tas de choses entre les paroles de l’homme, qui s’étagent, se déversent dans une autre langue, avec une autre voix.
 
Un monologue ponctué de tas de cailloux, d’herbes, de vêtements, d’ordures.
Des écritures qui s’emboîtent, une poésie sonore.
 
[… Je les ai accueillies à la maison, elle, sa grande valise de robes et son peignoir de coton à fleurs bleues, des anémones, m’a-t-elle dit…]
 
Parce que le Tas est objet de fascination. Parce qu’il est désordre dans un ordre. Une esthétique. Un être là, rassurant dans son immobilité ; dérangeant dans son inertie. Un après, un avant, la chute. Une édification de forces qui s’arc-boutent et s’opposent.
Parce que Le Tas n’est pas à admirer. La Femme Énorme est à aimer. C’est l’homme qui le dit, à lui-même, au tas, à la femme qui n’est plus là, qui n’a peut-être jamais existé.
Un monologue qui conjurerait la perte. A enfouir.
H. Lanscotte
   
… [Elle était énorme mais il lui a suffi d’un mince espace entre les feuilles de ma peau, entre mon œil et ma paupière, entre mon pouce et mon index…]



Où il est question d’amour, de territoire, d’empilements, d’encombrements, de l’absence de la Femme Énorme. Vide. Descente de l’homme, que plus personne ne nomme, au travers des couches de souvenirs, d’éboulis, d’émotions. Catastrophe narcissique dans le souterrain de sa mémoire. Plein. Trop-plein, intérieur, extérieur ?
J’incarne l’Homme-Femme Énorme.
J. Graziani

On peut imaginer l’Homme dans un univers « rempli », un univers qui l’asphyxie. Accumulation des états et de ses effets face au manque, au trou énorme laissé par la disparition de la femme aimée. Mais aussi évidence que dans l’entassement, la surabondance, aucune hiérarchie, tout se vaut. Le Tas que regarde l’homme est « égalitaire ».
De la Femme, de lui ou du Tas cependant, lequel est le plus monstrueux ?
O. Comte, metteur en scène

[… Tandis que l’abandon pour un tas, c’est une vocation, presque une définition…]

ROUGE AVRIL EN CORPS ET EN VOIX

Hélène Lanscotte – Maxence Rey – Olivier Comte

d’après le livre Rouge Avril d’Hélène Lanscotte,  L’Escampette éditions

Crédit photo / Olivier Comte

Intentions
 
Serait-il trop simple de dire : danse et poésie donnent toutes deux à voir ?
Corps de danse et corps du poème sont apparitions d’étonnements, flagrantes évidences. 
Créateur d’espace pour l’un, montreur d’absence pour l’autre. 
Du mouvement, des mots, et autour d’eux d’ondulatoires vibrations, de la résonance qui se ride.
 
Lorsque j’écris, je franchis mon corps obstacle, mon corps indolore qui n’existe pas, je comble mon corps de mots, mon corps-fossé qui me sépare de moi. Je mets mon corps dans mes mots – mon corps mot à mot.
 
Quand je lis à voix haute mon propre texte, je cherche sa voix – car la voix qui a été lors de l’écriture s’est éteinte une fois le texte achevé.
 
Lorsque je danse, je me livre au présent. Mes pensées se suspendent. Mon corps est investi dans le geste, dans les mots, dans les sons, en quête de la plus juste intention, de la plus juste tonalité, de la plus juste résonance.
Mon corps habité devient à la fois réceptacle et transmetteur, corps d’émotions et de partage.
 
Quand mon corps rencontre le corps textuel et sonore de Rouge Avril, je cherche dans cet espace commun les transpositions, les échappées, les mouvements vibratiles nous reliant, les ondes générées par la voix d’Hélène.

Maxence se glisse dans le corps du texte comme dans la Robe Rouge. Elle le ravit, là sous mes yeux, elle le fouille, l’ingurgite, elle l’emmène sous son bras, contre sa jambe, sa joue. Elle l’emporte mais elle n’est pas loin. Elle se trouve là où je suis, ou plutôt, là où mon corps se trouve, livre en main, à lire de ma voix audible recouvrée. 
 
La partition est commune, les chemins en partage, le territoire sensible. Là où sons et gestes se relient, s’éloignent, s’aiguisent, se frottent. Là où se donne une « sonorité du mouvement ».
 

Éclairage
 
Un texte. Une robe. Qui se modifie. Qui affronte sur un corps, la vie. Une robe qui ne descend pas comme on le souhaiterait, quand on l’attend les bras levés, pour vous vêtir. Une robe qui reçoit les temps qui la dessinent, leurs plis, leurs coutures, leurs échancrures. Une robe quittée, à soi et étrangère.

Un corps textuel rencontre un corps de danse. Le pari d’une partition commune est à relever. Écrivaine/Chorégraphe – Danseuse/Lectrice. Maxence Rey, Hélène Lanscotte.
La voix pour recouvrer un corps qui sépare de soi-même. Le corps qui donne à voir un lien singulier. Là où l’une façonne l’espace, l’autre dit le taire avec des mots qui dansent en légèreté, en gravité, en suspens. Là où l’une s’en échappe, l’autre la rejoint, se double.  Animées en solitude, disjointes ensemble. Et inversement.
 
Diffusions passées
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19 août 2011 : Esquisse en corps et en voix, dans le cloître de la cathédrale de Cahors

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20 janvier 2013 : Esquisse en corps et en voix, Les Parvis Poétiques, Paris

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17 et 18 mai 2013 : Rouge Avril en corps et en voix à L’étoile du Nord – Membre du CDC Paris Réseau dans le cadre de la carte blanche de Maxence Rey à L’étoile du nord.

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8 mars 2014 : Rouge Avril en corps et en voix à La Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, dans le cadre du Printemps des Poètes